Historique

Historique

vue de l'odetC'est en 1699 que Jean-Baptiste Bousquet, venant de Saint-Zacharie, village proche de Marseille, s'installe dans le quartier de Loc-Maria à Quimper. Le potier provençal s'établit dans la villa de Rome, là où le sol regorge de tessons antiques et de tuiles romaines. Il s'occupe, pour le compte des sœurs du prieuré de Locmaria, du four banal et fabrique poteries et pipes en terre.  Son fils, Pierre, qui est reçu Maître faïencier à  Marseille fin 1699, le rejoint en 1707. En 1708, peu avant le décès de son père, Pierre Bousquet fonde sa manufacture, en installant, dans une maison récemment acquise, un atelier et un four à faïence, face au pont tournant de Loc-Maria, sur l'actuelle place du Styvel. Cet emplacement, sur le port de Quimper présente de nombreux avantages tant pour les approvisionnements que les expéditions. Pierre Bousquet mariera sa fille à Pierre Bellevaux en 1731.
Pierre Bellevaux est un faïencier accompli, né en 1704 à Druy, chef-lieu de canton de l'arrondissement de Nevers. Les traces de son passage à Quimper sont toujours présentes et bien ancrées dans les productions. Une vision globale de ces productions quimpéroises nous montre cette lente assimilation de la technique de Nevers puis son utilisation fortement influencée par la culture locale. Pierre Bellevaux décédera en 1743 contraignant Pierre Bousquet à reprendre les rênes de la manufacture, à l'âge de soixante-douze ans. Ce dernier, en 1749, peu avant sa mort, fiance sa petite-fille à son collaborateur Pierre-Clément Caussy. Ce dernier est un faïencier, de surcroît peintre sur faïence. Son père, Pierre-Paul, est directeur et propriétaire d'une des manufactures de Rouen. L'apport de Pierre-Clément Caussy à l'édifice Quimper est des plus importants. Il influencera la production jusqu'à la fin du XIXe siècle grâce aux nombreux poncifs qu'il avait eu soin d'emmener.
tourneur-hbA la palette de couleurs de Quimper s'ajoutera aussi celle de Rouen. Ainsi nous trouverons les cinq couleurs de base du Quimper : le bleu, le vert, le rouge, le jaune et le violet de manganèse. Le mélange stylistique de ces grands centres faïenciers donnera naissance à ce que nous appelons aujourd'hui le "Quimper populaire". Caussy marie sa fille en 1771 à Antoine De la Hubaudière, ingénieur des Ponts et Chaussées. Il
est fort probable que la recherchée marque au triangle incluant les initiales H (Hubaudière) et B (Bousquet) lui soit due.

Cette période voit la création de nouvelles fabriques sur Loc-Maria. peinteuseEn 1778, François Eloury, ouvrier de Caussy, fonde sa poterie qui ne tardera pas à devenir une faïencerie. En 1791, Guillaume Dumaine, créera la troisième manufacture de Loc-Maria, spécialisée uniquement dans la production de grès, jusqu'en 1891, date à laquelle ses successeurs se lanceront dans l'aventure de la faïence. La manufacture HB restera aux mains de la famille De la Hubaudière jusqu'en 1917, date à laquelle Jules Verlingue, faïencier de Boulogne-sur-Mer, la rachète. La faïencerie d'Eloury deviendra Porquier avant d'être rachetée par Henriot en 1913 après un arrêt de 10 ans. La manufacture Dumaine deviendra Tanquerey puis Henriot avant de tomber dans le giron de la manufacture HB en 1968. Une véritable émulation a existé entre ces trois manufactures qui ont réalisé de véritables tours de force.
En 1873, avec l'arrivée d'Alfred Beau, qui s'associe à Porquier, la faïence de Quimper entre dans le monde des artistes. Au XXe siècle, les faïenceries vont s'attacher les services d'artistes prestigieux, Mathurin Méheut travaillant pour Henriot, René Quillivic pour HB. Ils ouvriront la voie à plus de 250 artistes qui côtoieront les ateliers quimpérois.

Au XXe siècle, quatre autres entreprises quimpéroises verront le jour. C'est en 1929 que Paul Fouillen quitte la manufacture HB, où il était responsable d'un atelier de décor, pour fonder son propre atelier place du Styvel. Il débute une production de faïence en 1945.

Après avoir travaillé chez Henriot de 1922 à 1940, puis chez HB de 1941 à 1944, Victor Lucas fonde la faïencerie Keraluc en 1946.
faience

Issue de chez HB, Jean-Claude et Marjatta Taburet créent l'Atelier du Steir en 1990.

Enfin, en 1994, les familles Verlingue, Henriot et Breton, fondent la Faïencerie d'Art Breton qui rejoindra la faïencerie historique en 2009.

La faïence est une véritable institution à Quimper. Elle assure le rayonnement de la ville de par le monde. Le centre faïencier de Quimper est le dernier et le plus ancien des grands centres français encore en activité. On y perpétue depuis plus de trois siècles cette tradition et notamment le décor "à la touche", à main levée, qui a fait sa réputation. De nombreux artistes l'ont compris, ont utilisées ces techniques ancestrales avec beaucoup de bonheur et de respect. Au commencement de ce troisième millénaire nous pouvons souhaiter qu'un renouveau artistique fort vienne donner un souffle nouveau à ce métier dont on dit qu'il est un des plus vieux du monde.

 

 

 

Bernard Jules Verlingue - Conservateur du Musée de la Faïence - Expert UFE